Et si le cinéma suffisait à nous transporter ailleurs, en Asie, et même jusqu’au Japon? À l’ère du Covid19, à l’ère des frontières fermées, des masques qui cachent nous sourires, nos doutes, nos peurs, il est encore possible de rêver. Cet été j’ai mis mon passeport de côté, mais cela ne m’a pas empêché de voyager à travers images, récits, mots, et mélodies des génériques de fin.

Dans cet article, je vous emmène à la découverte du Japon, virtuellement. Le cinéma, tel un carnet de route digital, nous propulse dans cet ailleurs, et nous invite à prendre place dans un train éphémère. Le pays du soleil levant fascine, non seulement pour ses paysages poétiques mais aussi pour sa culture qui défie les lois du temps, à la frontière entre l’authentique et le moderne.

Voici un avant-goût de la terre nipponne, comme je l’imagine, à travers des classiques du cinéma contemporain qui retranscrit à merveille l’effervescence des grandes villes telle que Tokyo, des films d’auteurs qui réinterprètent des tragédies et attendrissent les larmes. Et bien sûr, je n’oublie pas le cinéma d’animation, un art sacré au Japon, qui rappelle que malgré le temps qui passe, les histoires, les émotions, ne vieillissent jamais.

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Le Japon en Suisse

Hiroshima mon amour

Une jeune actrice française se rend au Japon en 1957 pour tourner un film pacifiste à Hiroshima. Elle s’éprend d’un architecte japonais. Pendant 24 heures, ils se perdent, se cherchent et se retrouvent. Au matin de leur première nuit d’amour, en le caressant, elle lui griffe l’épaule. Ses gestes lui rappellent un autre amant, le premier, un soldat allemand. C’était à Nevers, durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut tué sous ses yeux, elle fut tondue. Les souvenirs douloureux d’hier se superposent au quotidien de la ville martyr. Sous le ciel d’Hiroshima, la mémoire de l’amour défunt nourrit l’amour naissant…

Ce film culte d’Alain Resnais, dont les dialogues et le scenario furent écrits par Marguerite Duras, dépeint une histoire mêlant amour, mort, horreur et déshonneur. Bien que le film fasse scandale à sa sortie en 1959 dans le cadre du Festival de Cannes, Hiroshima mon amour est toujours considéré comme l’un des plus beaux chefs-d’oeuvre du 7ème art.

Plus d’infos: Hiroshima mon amour


Lost in Translation

Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour tourner un spot publicitaire. Il a conscience qu’il se trompe – il devrait être chez lui avec sa famille, jouer au théâtre ou encore chercher un rôle dans un film -, mais il a besoin d’argent. Du haut de son hôtel de luxe, il contemple la ville, mais ne voit rien. Il est ailleurs, détaché de tout, incapable de s’intégrer à la réalité qui l’entoure, incapable également de dormir à cause du décalage horaire. Dans ce même établissement, Charlotte, une jeune Américaine fraîchement diplômée, accompagne son mari, photographe de mode. Ce dernier semble s’intéresser davantage à son travail qu’à sa femme. Se sentant délaissée, Charlotte cherche un peu d’attention. Elle va en trouver auprès de Bob…

Pour réaliser ce film (sorti en 2004), Sofia Coppola s’est directement inspirée des photos et vidéos rapportées de ses séjours personnels au Japon. Dans Lost in Translation, chaque geste, chaque mouvement de cette relation éphémère est capté par la mise en scène, tandis que l’ambiance feutrée, lancinante des nuits de la capitale est omniprésente.


Les délices de Tokyo

Tous les jours, dans son kiosque, Santaro prépare en solitaire les dorayaki, une pâtisserie de la taille d’un beignet, composée de deux pancakes fourrées d’une pâte sucrée à base de haricots rouges. Sa clientèle de quartier est majoritairement constituée de jeunes filles qui fréquentent l’école privée avoisinante, et qui se contentent du produit assez ordinaire qu’il leur sert. Tous ne sont pas aussi accommodants. Tokue, une vieille dame en quête d’un emploi, critique sévèrement ses dorayaki et le défie de goûter à sa propre pâte de haricots. Renversé par le goût exquis de celle-ci, Santoro embauche la vieille dame, qui lui enseigne les rudiments complexes de sa fabrication, et la dose d’amour et de patience qu’il faut y mettre. Tandis que le produit amélioré fait accourir les gens du quartier, Wakana, une élève négligée par sa mère célibataire, vient donner un coup de main et s’attache à ses aînés. Mais de méchantes langues menacent le fragile équilibre de leur petite famille d’élection.

Réalisé en 2015 par Naomi Kawase et adapté du roman éponyme de Durian Sukegawa, ce film aborde deux thématiques propres au Japon: la cuisine (plus particulièrement les pâtisseries à base de haricots rouges), et l’exclusion sociale, malheureusement encore trop souvent présente dans le pays.


Le voyage de Chihiro

Chihiro, une fillette de dix ans au tempérament capricieux, est peu enchantée à l’idée de déménager. La mort dans l’âme, elle prend la route avec ses parents à destination de leur nouvelle maison. À un carrefour, son père décide d’emprunter un chemin qui débouche sur une muraille percée d’un tunnel. Intriguée, la famille s’engage à pied dans l’étrange passage, pour y découvrir au bout une ville abandonnée. Pendant que Chihiro se promène, ses parents se jettent sur des plats de nourriture qui se trouvent sur une table. Mais ils sont aussitôt transformés en porcs. À son retour, leur fillette catastrophée apprend de la bouche du jeune Haku que pour les empêcher d’être dévorés, elle devra travailler pour la sorcière Yubaba, la maîtresse des bains où viennent se purifier les dieux.

Maître dans l’art du dessin animé, Miyazaki nous fait découvrir, à travers ce film, une réinterprétation très personnelle du conte “Alice au Pays des Merveilles”. Le voyage de Chihiro est un aller simple dans le monde fantastique des studios Ghibli et une critique subtile de la société japonaise actuelle.


Cherry Blossoms

Trudi est seule à savoir que son mari Rudi n’a plus que quelques mois à vivre. Elle décide de lui cacher la vérité et de profiter du temps qui reste afin de réaliser des projets toujours remis à plus tard. Elle convainc Rudi de rendre visite à deux de leurs enfants à Berlin pour constater une fois sur place que ceux-ci sont trop accaparés par leur vie pour leur accorder du temps. Après quelques jours, ils continuent leur périple au bord de la mer Baltique. Un matin Rudi découvre Trudi morte à ses côtés. Dévasté par le chagrin et par amour pour cette femme qu’il n’a pas su aimer, il décide de partir pour le Japon, son pays de coeur

La réalisatrice allemande Doris Dörrie, qui signe cette magnifique histoire sortie en 2008, est passionnée du Japon. Ce film parle de la douleur de la perte d’un être cher, et le désir de découvrir une nouvelle culture. Un voyage intérieur bouleversant aux confins de l’éphémérité de l’amour.


Une affaire de famille

Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…

Palme d’Or du Festival de Cannes de 2018, ce film réalisé par Hirokazu Kore-Eda dépeint avec délicatesse et subtilité les “déclassés” de la société japonaises, ceux qui gagnent un salaire de misère et qui survivent en volant dans les magasins. Parfaitement interprété, une affaire de famille est un hommage aux perdants, aux recalés de la vie.


Your Name

Mitsuha, adolescente coincée dans une famille traditionnelle, rêve de quitter ses montagnes natales pour découvrir la vie trépidante de Tokyo. Elle est loin d’imaginer pouvoir vivre l’aventure urbaine dans la peau de… Taki, un jeune lycéen vivant à Tokyo, occupé entre son petit boulot dans un restaurant italien et ses nombreux amis. À travers ses rêves, Mitsuha se voit littéralement propulsée dans la vie du jeune garçon au point qu’elle croit vivre la réalité… Tout bascule lorsqu’elle réalise que Taki rêve également d’une vie dans les montagnes, entouré d’une famille traditionnelle… dans la peau d’une jeune fille ! Une étrange relation s’installe entre leurs deux corps qu’ils accaparent mutuellement. Quel mystère se cache derrière ces rêves étranges qui unissent deux destinées que tout oppose et qui ne se sont jamais rencontrées ?

Ce film d’animation réalisé par Makoto Shinkai est le plus gros succès de l’année 2016 au Japon. Pourtant, Your Name est difficilement saisissable, tout comme le thème de l’adolescence qu’il dépeint avec brio. Malgré cela, ce film est une vraie réussite et son humour, sa narration et sa photographie vous séduiront à coup sûr.


Quelques livres avant de partir…

Stupeur et tremblementsAmélie Nothomb, 1999
Les évaporés du JaponLéna Mauger, 2014
Kafka sur le rivageHaruki Murakami, 2002
Mon livre coup de coeur:
Soie

Alessandro Baricco, 2007

Cet article a été réalisé en collaboration avec l’Office National du Tourisme japonais (JNTO). Retrouvez mes récits de voyage via le lien suivant: Carnet de Voyage

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