Capitale européenne de la culture en 2004, capitale mondiale du design en 2020, Lille ne cesse d’être mise en avant. Et pour cause, son patrimoine en fait une destination idéale aussi bien pour les passionnés d’histoire que pour les bons-vivants.
Ce printemps, j’ai eu l’occasion – dans le cadre du WAT19, le salon des blogueurs de voyage qui avait lieu cette année à Lille – de découvrir cette ville à travers des lieux emblématiques de la période art-déco, c’est-à-dire les années 1920-30. Cet itinéraire fascinant m’a permis d’en apprendre un peu plus sur le riche passé industriel de la région et plus particulièrement sur l’importance des villes de Lille, Roubaix et de Tourcoing.
La Villa Cavrois
Nous quittons le centre de Lille. Notre programme nous emmènera en-dehors de la ville. La logistique est plutôt pratique… nous emprunterons un seul tram tout au long de la journée: la ligne R.
Notre première arrêt s’appelle La Villa Cavrois, tout comme la maison que nous visiterons. A première vue, il est difficile d’imaginer que cette Villa fut construite au début des années 1930. Les lignes sont modernes, la perspective aussi lisse que l’horizon. L’intérieur est sobre voire extrêmement froid, mais le soleil réchauffe le parquet en mosaïque Noël de la pièce principale.
La Villa Cavrois, c’est le chef-d’oeuvre de l’architecte Robert Mallet-Stevens. Commandée par l’industriel Paul Cavrois, chaque pièce de la Villa fut conçue pour apporter luminosité naturelle et confort. Chaque détail, aussi futile qu’il puisse paraître, fut consciencieusement choisi et spécifiquement conçu pour cette construction. Béton armé, marbre vert de Suède, plancher en acajou de Cuba, les matériaux nobles se succèdent, mais toujours avec goût.
Architecture moderniste
La structure de l’extérieur interpèle, il est vrai. Mais l’intérieur est encore plus surprenant. Mallet-Stevens avait pour ambition de créer un environnement ultra-moderne, et intégra dans chaque pièce les dernières technologies à la mode. Les chambres sont équipées d’une horloge électrique et d’un téléphone. Le chauffage centrale fut également installé. Une révolution pour l’époque !
Chaque salle a une atmosphère particulière. Au rez-de-chaussée, le salon est la pièce phare. La grande baie vitrée laisse apercevoir l’immensité du jardin. La lumière est telle qu’il semble ne pas y avoir de limite entre la maison et la nature environnante.
Dans la cuisine, l’architecte a opté pour la simplicité et la sobriété. Aucun élément ne perturbe cette ambiance presque clinique. Le métal et la peinture blanche créent une uniformisation parfaitement hygiénique. Au 1er étage, la chambre des parents habite pratiquement tout l’espace. La salle de bain de 60m2 est recouverte de marbre blanc, et là encore, une technologie de pointe fut aménagée: douche avec jets sur le côté, baromètre et balance intégrés au mur.
La Villa et son histoire
La famille Cavrois vécut dans la Villa jusqu’en 1985, mais la maison connut plusieurs grands changements qui affectèrent non seulement son aménagement mais également son apparence (elle fut occupée par les soldats allemands durant la second guerre mondiale et transformée en caserne).
Abandonnée suite à des problèmes d’héritage, elle fut rachetée en 1987 par un promoteur immobilier qui souhaitait détruire la maison et réutiliser son terrain pour de nouvelles constructions. C’est dans un état proche de la ruine qu’elle fut retrouvée en 1990, date à laquelle la Villa devint monument national. 12 années de rénovation furent nécessaires pour la faire renaître.
Plus d’infos: Villa Cavrois
Roubaix
Nous empruntons à nouveau le tram R. Prochain arrêt: Roubaix. Cette petite ville de cent mille habitants connut son essor durant la révolution industrielle. A cette époque, “la ville aux mille cheminées” était considérée comme l’un des acteurs les plus importants de l’industrie du textile et abritait même la bourse de la laine. A partir des années 1970, Roubaix fut frappée de plein fouet par la crise du textile et de nombreuses personnes quittèrent la region. Aujourd’hui, l’art a ressuscité la ville et son dynamisme culturelle est souvent mis à l’honneur.
En traversant la ville pour nous rendre au Musée de La Piscine, nous croisons le regard de Camille Claudel, figure emblématique de Roubaix puisque ses oeuvres sont exposées dans ce même musée. Cette énorme fresque peinte en noir et blanc par l’artiste Jimmy C nous invite à en savoir un peu plus sur la vie tourmentée de cette sculptrice hors du commun.


Musée de La Piscine
Nous avons de la chance. Fermé durant plusieurs années pour un projet d’agrandissement, le musée a réouvert peu de temps avant notre venue, en octobre 2018. Comme son nom l’indique, ce bâtiment construit en 1932 était une piscine municipale très populaire, un lieu de rencontre unique où toutes les classes sociales se mélangeaient. Le bassin principal est un joyau art-déco et est éclairé par un magnifique vitrail coloré symbolisant le lever et le coucher du soleil. L’effet “wow” est assuré !
Il faut plusieurs heures pour parcourir les différentes salles du musée. La collection est impressionnante: peintures du 19ème et 20ème (Vuillard, Bonnard, Dufy, …), sculptures modernes (Rodin, Claudel, Joffre, Bugatti, …), art décoratif, textiles de vêtements, etc. Prenez votre temps et laissez-vous inspirer par ce dialogue des formes.
Plus d’infos: Musée de La Piscine

Tourcoing
Tourcoing est le dernier arrêt de la ligne R. Nous sommes à deux pas de la Belgique. Grand concurrente de Roubaix, la ville connut elle aussi son heure de gloire au 19ème siècle. En se baladant, on remarque de jolis bâtiment qui ont conservé les décorations des années 20: des formes géométriques, des lignes simples mais sophistiquées. Nous nous arrêterons quelques minutes pour admirer le bâtiment du Télégraphe et celui des Arcades que l’on remarque facilement grâce à ses belles mosaïques bleues.


Villa Paula
C’est dans un quartier bourgeois, un peu en-dehors du centre-ville, que nous accueillera Julie, notre dernière hôtesse de la journée. On frappe à la grande porte noire, elle nous ouvre tout sourire et nous invite à entrer dans sa belle demeure. Villa Paula est l’oeuvre de l’architecte Charles Bourgeois. Construit en 1929, cet hôtel particulier fut transformé en maison d’hôtes par les propriétaires actuels.
Une maison particulière…
Julie nous emmène à l’étage. Passionnée par le mouvement artistique art-déco, elle a choisi un univers sobre pour chacune des quatre chambres et suites en location. Thème du noir et blanc, atmosphère feutrée, toutes les pièces ont été aménagé pour créer une ambiance raffinée et reposante.
Des objets hétéroclites sont disséminés dans les salles communes du rez-de-chaussée: une lampe oeuf au plat, une panthère suspendue et un vrai tigre blanc empaillé (Julie précise qu’il fut victime de mort naturelle dans un zoo). Nous prenons tous des photos, surpris par tant de détails. Tea-time oblige, nous profiterons des dernières heures du soleil sur la terrasse. Devant nous, un jardin extraordinaire avec chaises longues et jacuzzi. La vie est belle dans le nord.
Plus d’infos: Villa Paula
Où dormir à Lille
Le Grand Hôtel Bellevue est une excellente option si vous restez quelques jours à Lille. L’accueil est génial et les chambres au style romantique ont récemment été rénovées (celles des étages supérieures avec vue sur la Grand Place sont mes préférées). En ce qui concerne l’emplacement, l’établissement se trouve au centre-ville, proche de tous les sites touristiques. Allez-y les yeux fermés !
Un grand merci au WAT et Hello Lille pour l’organisation de ce super séjour ! Vivement un nouveau séjour à Lille.